Apprendre à dire non

Ça a été la chose la plus difficile pour moi. J’ai toujours été tranquille en société. Mes parents n’en diraient pas autant, mais en dehors du cocon familial, je ne m’exprimais pas. Un peu plus en vieillissant, mais la bonne vieille peur de déplaire, de déranger, de ne pas être une « bonne personne » m’en empêchait. Puis je suis devenue coeliaque…

Il m’a alors fallu apprendre à dire « non ». Non, je ne peux pas y goûter, même une petite bouchée. Non, je ne peux pas tricher, faire un écart, une exception, même juste une fois. Non, je ne peux pas manger la salade même si j’enlève les croûtons. On se sent mal, mais on doit le faire, c’est notre santé. En plus des désagréments causés par le gluten sur le moment, il y a aussi les risques à long terme.

Évidemment, c’est plus facile de commencer par dire non au restaurant, qu’avec des collègues, des amis ou encore sa famille. Un exemple, la semaine dernière, je suis allée souper avec des amies. Mon assiette arrive, et le cuisiner s’est trompée et m’a mis de la sauce. Je l’ai dit à la serveuse et j’ai demandé qu’on me laisse l’assiette contaminée. J’ai eu droit à un regard noir, je me suis sentie vaguement mal à l’aise mais je savais que je devais le faire, ayant eu une mauvaise expérience quelques mois avant.

Par contre, quand on doit dire non en famille, c’est complètement différent. Mon frère avait voulu me préparer un repas, mais ne savait pas que je ne pouvais pas utiliser du bouillon de poulet. Et il avait utilisé la même cuillère pour brasser tous ses chaudrons. J’avais eu beaucoup de peine de devoir refuser de manger son repas.

Puis récemment, une amie voulait me préparer un dessert. J’ai dû refuser. Elle a été très déçue. J’ai dû lui expliquer tous les risques pour qu’elle comprenne que ce n’est pas par manque de confiance, mais parce que le danger est bien réel et que malgré sa bonne volonté, les risques sont là. Elle ne peut pas se « ré-équiper » seulement pour cuisiner pour moi.

Et donc, quand vous devez dire non, pensez à expliquer les faits, à bien faire comprendre aux gens que c’est pour vous protéger et pas parce que vous remettez en doute leur compétence. Je remarque que ça passe mieux quand on expose bien nos raisons. Mais surtout, faites-le, dites non, ça ne vaut pas la peine de mettre votre santé en jeu pour éviter de froisser quelqu’un.

Avez-vous de la facilité à dire « non » quand vous le devez?